La musique est à fond, le nombre de décibel ne se compte plus et l'ambiance est au rendez-vous. Je me trémousse sur la piste pour oublier une journée de cours barbante au possible. Pourtant rien n'y fait, je décide d'aller me chercher un verre, en m'éloignant de la piste de danse. Je me dirige vers le bar de la boîte, commande quelque chose, je ne sais pas quoi, car le volume est tellement élevé que je ne me suis pas entendu penser ni même passer commande. Tant pis, j'espère juste que ça ne sera pas trop alcoolisé, histoire de ne me pas me retrouver bleue au bout d'un verre. Je pense, pour oublier le bruit l'espace de quelques secondes : 1, 2, 3, 4, 5, puis ma boisson est là. Je la prends puis cherche une place, je survole la salle des yeux et commence à avancer dans ma robe de soirée argenté, assez courte pour dire "je suis la pour m'éclater" mais pas assez pour dire "mettez-moi dans votre lit". Je distingue une table, où un gars est assis tout seul, il y une chaise de libre, je m'y installe en posant mon verre de façon à faire comprendre que je m'impose et que je ne compte pas partir. Je m'assis donc, face aux personnes dansant sur la piste. Puis je me surpris à dire à la personne à côté de moi :
-Tout seul ?
Une fois que j' eu fini d'articuler ma phrase je me demandais déjà pourquoi j'avais posé une telle question. Même à un inconnu.

-Non tu vois pas que tu viens de t'asseoir sur mon rat !
Ce gars là m'a parut plutôt bête sur le moment avec sa réplique. J'avoue que j'ai eu envie de lui dire l'espace d'un instant un truc du genre : "Ahah, hilarant sale mioche." Mais je ne l'ai pas fait pour plusieurs raisons : 1. Réponse totalement débile. 2. Réponse d'autant plus inutile. 3. Je n'ai pas envie de me faire d'ennemis ce soir. Alors j'ai passé outre, en faisant un simple sourire du genre "sympa la blague, mais peut mieux faire". A ce moment, je me transformai en observatrice, le scrutant dans les moindres détails des pieds à la tête : cheveux noirs, yeux noirs, plutôt grand, pas mal du tout, mais comme à mon habitude, il ne m'attire pas. Encore une fois je lance mon regard sur la piste de danse, regardant à nouveau le niveau médiocre de certains anonymes devant moi. Je bois une première gorgée de ma boisson, ma gorge se rafraîchissant soudainement me surpris. Je me sentais mieux, presque d'humeur à discuter.
-Dis-moi tu viens d'où ?
A cet instant précis, je dois ressembler à une idiote, à poser des questions comme ça à un inconnu. Mais peu importe, je ne le connais pas et je ne le reverrai probablement jamais, et ça me donnait en quelques sorte une certaine liberté d'expression.

-J'habite près d'ici si c'est ce que tu veux savoir.
Ce n'est pas la réponse que j'attendais, mais je m'en contenterais. Je le regarde, il parait distant tout à coup, ou alors c'est une simple impression. Pour la peine je ne savais pas trop quoi dire, ni quoi faire. Non pas que ce soit la première fois que je parle à un inconnu, loin de là, mais je n'avais pas de sujet de conversation, rien d'intéressant à dire. Enfin de toute manière je n'ai jamais rien d'intéressant à dire. Puis tout à coup me pris l'envie de faire une connerie, de faire partir la soirée en live. N'importe quoi qui puisse mettre une véritable ambiance, quitte à finir au poste de police, lieu que je connais plutôt bien d'ailleurs... Je prend mon verre à nouveau et en pris une gorgée supplémentaire, alors qu'au même moment, l'inconnu fit cul-sec avec le sien. Je repose donc mon verre et regarde la salle encore une fois.
-La soirée est plutôt ennuyeuse en fin de compte... Ça te dit de mettre un peu d'ambiance ?
Je regardai le gars en face de moi avec un sourire sadique, comme à mon habitude quand j'envisage un sale coup, bien que à cet instant précis je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire exactement pour animer la soirée à mon goût.

A ce que je voyais il était légèrement sceptique. Mais bon il a accepté, du moins presque :
-Ca dépend ,tu penses à quoi ?
-C'est à voir...
C'est à ce moment qu'il décida de se lever, pour aller chercher quelque chose au bar. Ça m'arrangeait d'ailleurs. Je prends mon verre, l'avale d'un coup, le repose et le regarde droit dans les yeux, une lueur d'amusement dans ceux-ci.
-Une bouteille... De ce que tu veux.
J'ai à présent une petite idée en tête mais comme je l'ai dit ça reste à voir. Je me doute que pour lui faire accepter de foutre le bordel dans la boîte, il faudrait en quelques sortes le manipuler. Mais bizarrement, il me semble sympa ce gars, alors je n'en ai pas envie, je préfère voir ça avec lui. Pour une fois, je ne veux pas m'imposer, non pas que je veuille qu'on voit le vrai moi, que moi-même je ne connais pas, mais je ne veux pas non plus me forcer. C'est tout bête, je n'ai qu'à lui exposer la situation. "Non mais... Sérieux. Je me prends la tête pour rien là", c'est ce que je me suis mise à penser quand je me suis aperçue que je m'énervais toute seule face à... je ne sais pas quoi justement. J'ai déjà trop bu, je suppose puisque je m'embrouille toute seule. Une fois qu'il reviendra, je lui demanderai, s'il veut mettre en œuvre mon plan "diabolique" de la soirée : Je veux tout simplement me faire passer pour une victime, faire passer un de ces innocents danseurs pour un agresseur, une personne qui s'en prendrait à moi sans raison. Parce que pour mon simple plaisir, je veux voir un de ces sales gosses souffrir un peu du regard des autres. En réfléchissant à mon plan pour pimenter la soirée et à si mon "accompagnateur" de la soirée va l'accepter ou pas, je triture mon verre, attendant le retour de ce gars au nom qui m'est toujours inconnu.

Je le vois qui se ramène avec une bouteille de Vodka, ça fera l'affaire. Je souris vaguement, le regarde faire, en train de verser dans nos verres respectifs puis je l'entend me dire :
-Donc explique moi plus en détail.
Et c'est ce que je me décide à faire, sans me lancer dans un grand discours, je lui explique que j'ai envie de faire passer un de ses idiots pour mec qui m'agresserai, et moi je jouerai une victime épeurée. Le but est simple : le faire passer pour un pervers ou simplement un idiot. Quant à ce que lui ferait, c'est à lui de voir, s'il accepte. Le fait est que je trouve ça drôle être dans une situation plutôt gênante, pour une fois que ça ne serait pas moi... Durant mon speech, je jouais avec mon verre plein de ce délicieux breuvage alcoolisé, que je me décide à boire entre deux phrases : j'avale une gorgée de Vodka, qui me brûle un peu la gorge, j'aime ça. Puis encore une fois je jette un œil sur la salle blindée de monde, mais pas innocemment cette fois, mais à la recherche d'une potentielle victime.
-Au fait, quel est ton nom ?
J'attendais sa réponse, pas temps pour connaître son prénom mais surtout pour savoir si oui ou non, ce soir allait être une soirée où nous allions nous amuser.

-Je m'appelle Steven,Steven Yang,tu veux ma biographie ou juste mon nom te suffira?
Il ne cherche pas à étaler sa vie, c'est un bon point pour lui. Dites-moi où se trouve l'intérêt de faire connaître à chaque personne que vous croisez les moindres détails de votre vie ? S'il y a bien une chose que je sache apprécier chez les gens c'est leurs limites à étaler leur histoire, surtout quand il ne veulent pas du tout la raconter.
Il me semble que je suis comme ça moi aussi, à ne pas vouloir raconter mon histoire et à garder mes sentiments pour moi seule. Du moins, j'espère que je suis comme ça.
Steven donc ? Original comme nom pour un asiatique. Mais après tout je ne suis pas là pour le juger, du moins pas ouvertement.
-Moi c'est Sol Hee.
Je l'écoute attentivement, enfin c'est vite dit : je l'écoute, c'est tout. Il me propose d'aller danser, ça me plaît bien comme plan avant de mettre de l'ambiance pour de bon. Je pose mon verre à moitié vide sur la table et me lève puis tend ma main à Steven. Après tout, ça n'est pas parce qu'on ne se connait pas qu'il ne peut pas y avoir ne serait-ce qu'une once de galanterie, n'est-ce pas ?